En mars, vous auriez pu assister aux représentations de Timeloss, pièce d'une beauté saisissante du dramaturge et metteur en scène iranien Amir Reza Koohestani. En attendant de pouvoir vous annoncer les dates du report de programmation, nous vous invitons à plonger dans l'univers de son créateur.
Né à Chiraz, ville-capitale du sud-ouest de l'Iran, Amir Reza Koohestani vit et travaille à Téhéran. Il se passionne très tôt pour le cinéma et l'écriture. À 21 ans, il met en scène sa première pièce mais ne décroche pas l'autorisation de représentation du Ministère de la Guidance islamique. Depuis, de créations en créations, il a su imposer son style, celui du renouveau, à la fois poétique et critique, qui rompt avec le naturalisme de la tradition théâtrale iranienne et ses pièces sont régulièrement présentées sur les plus grandes scènes européennes.
Ce qui frappe d'abord dans le théâtre de Koohestani, c'est que l'action exposée sur la scène semble continûment sous l'emprise d'événements qui se sont déroulés dans un autre espace et/ou une autre temporalité. La tension dramatique ne provient pas de ce qui est montré, mais de ce qui est caché et ne sera que partiellement révélé. Le dévoilement du non-dit et de l'indicible donne à ce théâtre une force politique à fleurets mouchetés tout à fait troublante.
Dès sa troisième pièce Dance on glasses, il rencontre un vif succès international. La pièce frappe par la finesse de son écriture et sa scénographie qui situe une homme et une femme à chaque extrémité d'une table de quatre mètres, métaphore des rapports entre hommes et femmes dans la société iranienne.
En 2005, il aborde la question de l'exil en situant l'action de Amid the clouds en France dans le camp de réfugiés de Sangatte tout en empruntant la rythmique de la tradition du récit persan. A nouveau, il invente des images théâtrales qui sont autant de saisissantes métaphores poétiques du sujet qu'il traite.
Ensuite, il transpose Ivanov d'Anton Tchekhov dans la réalité iranienne contemporaine.
En 2013,